CHRONIQUE DE L'AMOUR EXTRAORDINAIRE
Attention danger!
Mauvais, très mauvais, très très mauvais signe: j'ai dormi pendant 12 heures, et pendant 12 heures j'ai rêvé de toi. Inracontable. On va encore me traiter de gros cochon lubrique. Je nage dans d'insidieux relents d'exhalaisons d'éthylène délétères. Une espèce de coma vaporeux pernicieux complètement à côté de ses pompes, sorti de nulle part, qui squattait dans ma tête comme un adepte de la soûlographie dans un hall de gare: en faisant du bruit et en foutant le bordel. Bon point: après son départ, ça m'a au moins permis de faire un peu de rangement dans ce foutoir qui me sert de ciboulot, de remettre la main sur de vieilles émotions oubliées, de débarrasser de quelques tonnes de poussière des sentiments perdus. Vive la glasnost émotionnelle : j'ai envie de toi, ma belle! ...la pravda mûre pour preuve d'amour, j'en ris encore.
Rien de grave, rassure toi. Juste une effroyable envie d'embrasser une à une toutes les molécules de ton corps éthéré. Quelque chose de démesuré, une joie sauvage mélangée à une saleté d'attraction décérébrée qui broie les tripes. Une souffrance sous transe qui malaxe mes entrailles pendant que des frissons de terreur font des nattes avec mon estomac. De vilaines valences insensées me pétrifient, me scarifient, me mortifient pendant que des bulles de panique me démantibulent. Tendons du cou gonflés comme des cordages, tension intolérable pour torture insoutenable. Carrément inhumain : j'adore.
Je me réveille atterré. Une peur atavique démentielle. Viscères qui serrent, chair qui déchire, sophage pas sage, tripes qui flippent, une forge dans la gorge et des vertiges qui donnent une assez bonne idée de l'infini. Trou noir oblitérateur, coups de boutoir au cur : rythme martial pour symphonie fatale sur des accords parfaits. Le corps à corps parachève l'uvre et mute la joute en chef duvre, déroutant les pulsions latentes en violentes liaisons covalentes et les nuages de l'âge en esclavage sauvage.
Envie de toi.
Envie de pourlécher les babines de ton visage archangélique.
Envie de te serrer dans mes bras jusqu'à ce que nos chairs se soudent, entremêlées comme deux tarentules cassées en deux l'une sur l'autre, tissant des toiles de salive ardente, mêlant nos venins dans une fervente et vindicative danse, une bacchanale farouche, féroce, frénétique jusqu'à l'outrance, insupportable, lente montée en puissance freinée mais effrénée qui finit en fournaise d'apocalypse, laissant pantelant un fatal réseau dense de résonances létales étalées en pétales de fleurs près du cur...
Apothéose!
Le processus est toujours aussi fascinant: dans ma pirogue je vogue, solide et stable en soliton inexorable. Pagayer contre le vent, ramer contre marées. Insensible aux tempêtes, aux cyclones, aux ouragans enragés, je poursuis ma route.
Poudre aux yeux? On dirait bien. Il suffit d'une courbe, une bouche, et me voilà affolé, affalé, le cur disloqué à grands renforts de coups de bélier dans l'aorte. Le mielleux maelström me laisse vidé, sur le carreau, pulvérisé par des vagues de douleur. Moi, stable? Un regard magnétique de trop suffit pour déboussoler mes électrons internes. Ivresse solaire au menu : au feu le mascara, tes yeux bleus masquent Râ! Dans la seconde je chavire et je tombe, tombe, tombe amoureux dans un océan de tendresse infinie. Quitte à se noyer, autant le faire dans tes yeux inquisiteurs, perturbateurs, enjôleurs, corrupteurs...
Sans boniments Bonnie m'hante, et alimente un torrent de tourments me retournant dans tous les sens. De quoi donner naissance à une belle histoire décalée, type rejeton mutant d'un conte de fée génétiquement pas très propre : prince charmant absent donc, mais j'en pince, charmé, pour la rebelle au bois dormant.
Et allez! Encore quelques kilos de prose prosélytique, décidément je suis fou. Un fou allié bien sûr, puisque dorénavant, quoi qu'il arrive, tu as mon soutien et mon aide, même si c'est pour te faire naturaliser polonaise!
Caresses,
Zappy!